L’Hôpital Fleury en hiver. (Photo: François Robert-Durand, archives JDV)

Ces dernières années, beaucoup d’encre a coulé au sujet de la COVID-19. Par contre, les autres virus existent toujours, tout comme quantité de raisons qui peuvent amener à vouloir consulter un médecin. Mais qu’en est-il pour ceux et celles qui n’ont pas de médecin de famille? Le 14 février ne permettra pas à ceux et celles qui n’en ont pas de gagner le gros lot et d’avoir un beau «cadeau» pour l’occasion: un nouveau médecin de famille! Quant à ceux et celles qui en ont un, s’ils sont chanceux, dans le contexte médical actuel, ils pourront peut-être avoir un rendez-vous avec leur praticien le jour-même ou le lendemain, ou tenter –parfois sans succès– le «sans rendez-vous» comme ceux et celles qui n’ont pas de médecin de famille…

On entend souvent parler de gens qui décident de faire affaire avec le système de santé privé, ou qui ont des « trucs » pour obtenir des rendez-vous plus rapidement. Par contre, pour le commun des mortels au Québec, surtout ceux qui ne font pas affaire avec un groupe de médecine familiale (GMF), ce n’est pas simple. Voici un portrait très sommaire, compte tenu des données disponibles, de la situation dans Ahuntsic-Cartierville. 

Un tiers n’en ont pas

Bien des gens attendent un médecin de famille depuis plusieurs années. L’émission La facture donnait, l’an dernier, l’exemple d’un homme de 67 ans qui était sur une liste d’attente depuis trois ans et demi… et ce dernier était loin d’être seul dans cette situation.

Par contre, le reportage soulignait qu’à partir de mars 2022, le « Guichet d’accès à un médecin de famille sera transformé pour répondre aux patients sans médecin qui requièrent une attention immédiate. »

On sait que le ministre de la Santé, Christian Dubé, a de grands projets pour corriger la situation et que le PM Legault a un «plan» à ce sujet. Il semble, notamment, que la région du Bas Saint-Laurent pourrait en remontrer aux autres (selon le ministre Dubé, mais également selon une expérience vécue par un membre de la rédaction). Qui vivra verra.

Mais qui a besoin d’un médecin de famille dans notre arrondissement?

Journaldesvoisins.com n’est pas en mesure de fournir une réponse exacte à cette question, car les données fournies par le Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal classent Bordeaux-Cartierville avec Saint-Laurent, et Ahuntsic avec Montréal-Nord. Tout de même, voici les chiffres au 30 juillet 2021 pour ces deux secteurs : 

  • NORD-DE-L’ÎLE – ST-LAURENT: 13 787 personnes inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille, sont en attente d’un médecin de famille
  • AHUNTSIC – MONTRÉAL-NORD: 14 903 personnes inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille, sont en attente d’un médecin de famille

Respectivement, 64 % et 68 % des citoyens dans ces deux secteurs auraient donc un médecin de famille, selon le CIUSSS. 

Ce qui veut dire que sur ces territoires, entre 32 % et 36% des citoyens de ces territoires n’ont pas de médecin de famille. 

« Chaque dossier est évalué et priorisé par notre guichet d’accès à un médecin de famille selon l’état de santé du patient. Nos équipes travaillent fort pour offrir un médecin de famille au maximum de personnes possible tout en respectant les capacités de prise en charge des médecins. Par exemple, entre le 8 novembre 2020 et le 4 décembre 2021, nous avons offert un médecin de famille à 8 217 personnes », souligne Séléna Champagne, porte-parole du CIUSSS. 

Le «sans rendez-vous»

L’an passé, Santé Montréal a lancé la campagne Faites le bon choix, visant à rappeler aux citoyens que plusieurs options s’offrent à eux pour consulter mis à part les urgences, dont le 811 ou les pharmacies. Cette page Web résume les diverses options. 

Dans Ahuntsic-Cartierville, sept cliniques médicales sont censées offrir des consultations sans rendez-vous. Toutefois, seulement l’une d’entre elles est ouverte le dimanche, et trois autres sont ouvertes le samedi. Au moins l’une d’entre elles ne donne pas «de rendez-vous, sans rendez-vous» si vous avez un médecin de famille ailleurs dans une autre clinique –et cela, même si vous avez tenté d’obtenir sans succès un rendez-vous avec votre propre médecin de famille, car cela arrive également (vécu par un membre de la rédaction, notamment).

Voici les cliniques qui sont censées offrir du «sans rendez-vous»:

Ahuntsic: 

  • Clinique médicale Forcemédic Henri-Bourassa (ouverte 6 jours, fermée le dimanche)
  • Urgence 241 Ahuntsic (ouverte 6 jours, fermée le dimanche)
  • Clinique médicale Saint-Sulpice (ouverte 5 jours, fermée le samedi et le dimanche)
  • Clinique District Médical (ouverte 7 jours)

Bordeaux-Cartierville: 

  • GMF-U Sacré-Cœur (ouverte 5 jours, fermée le samedi et le dimanche)
  • GMF du CLSC Bordeaux-Cartierville (ouverte 5 jours, fermée le samedi et le dimanche)
  • Clinique Art Medic (ouverte 6 jours, fermée le dimanche)

Mais il n’y a pas de statistiques disponibles qui permettent de savoir combien de citoyens ont pu bénéficier rapidement de rendez-vous dans une de ces cliniques, en urgence et sans rendez-vous, sur une base quotidienne ou hebdomadaire.

Certaines cliniques ont aussi disparu du paysage d’Ahuntsic-Cartierville au cours des dernières années ou ont déménagé, laissant leurs habitués plus ou moins orphelins : le GMF de la clinique Ahuntsic (Meunier, Fleury Ouest) qui est déménagé à Ville Saint-Laurent, à la suite d’un incendie; l’Urgence Ahuntsic 241 du même édifice qui avait déjà déménagé ses pénates depuis Fleury Ouest sur La Promenade en 2017; et le Centre d’urgence Salaberry aux Galeries Normandie où l’attente était longue, mais le service présent et efficace, sept jours sur sept, avant sa fermeture en 2017 également, dans une passe d’armes avec l’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

Parcours du combattant

Il faut toutefois s’y prendre le plus tôt possible dans la journée pour voir un médecin qu’il soit notre médecin de famille ou pas, par téléphone on en personne. Ainsi, dans certains cas, il faut parfois faire le pied de grue à la porte du bureau avant l’heure d’ouverture pour tenter d’avoir un rendez-vous (cas vécu par un membre de la rédaction, notamment); en effet, dans certaines de ces cliniques, un appel téléphonique ne garantit pas un rendez-vous automatique avant l’heure officielle d’ouverture.

 «Les rendez-vous sont complets pour la journée», peut-on aussi entendre avec consternation, à l’occasion, après avoir obtenu la ligne téléphonique, ou avoir attendu à l’extérieur du bureau pendant un bon moment.

Dans tous les cas de figure, obtenir un banal rendez-vous dans une clinique sans rendez-vous sur le territoire…peut se métamorphoser en parcours du combattant.

Un rendez-vous : le néant

Journaldesvoisins.com a testé la plateforme Rendez-vous santé Québec, qui est recommandée par le MSSS, un après-midi de semaine, et aucun rendez-vous n’était disponible le jour même dans Ahuntsic-Cartierville; un rendez-vous le lendemain à Villeray était plutôt offert. 

Donc, si vous n’avez pas de médecin de famille, ou si votre médecin de famille ne peut vous recevoir, et si vous ne réussissez pas à obtenir un rendez-vous au «sans rendez-vous», que fait-on ?

En cas de symptômes mineurs, le 811 et les pharmacies peuvent être un bon moyen d’obtenir un suivi rapide. Sinon, il faut s’armer de patience pour du sans rendez-vous, à une autre date, parfois sur un autre territoire.  Autrement, il y a toujours l’urgence des hôpitaux, ou prendre son mal en patience. Et, évidemment, les médecins au privé sont également une solution, mais il faut payer bien sûr. Mince consolation, si votre médecin de famille ne peut pas vous recevoir et que vous n’arrivez pas à obtenir un rendez-vous dans une clinique sans rendez-vous, dites-vous bien que vous n’êtes pas le seul, malheureusement.

Finalement, si ce n’est pas déjà fait, inscrivez-vous au Guichet d’accès à un médecin de famille, et vivez d’espoir en attendant que MM. Legault et Dubé peaufinent leur «plan», ou allez consulter… dans le Bas Saint-Laurent!

Avec la collaboration de Christiane Dupont



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
2 Commentaires
Les plus vieux d'abord
Nouveau d'Abord Avec le plus de votes
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Signoret, Claude
Signoret, Claude
2 Années

Bonjour,
Nous avons la chance d’avoir un médecin de famille depuis plusieurs années. Avant la pandémie, nous pouvions avoir un rendez-vous en deux semaines et si urgent, très rapidement. Depuis le début de la pandémie, cela prend maintenant de trois à six mois pour avoir un rendez-vous. Et si nous cherchons à aller dans une clinique sans rendez-vous, on refuse de nous prendre parce que nous avons un médecin de famille… Ne reste que les urgences !

Christiane Dupont
2 Années
Répondre à  Signoret, Claude

Oui, c’est exactement que nous avons voulu démontrer avec notre article. Bref, il n’y en a pas de facile!

Vous pourriez aussi aimer ces articles

Dossier santé – Entrevue avec Adélaïde de Melo, nouvelle PDG du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Le Journal des voisins a rencontré Mme Adélaïde de Melo, nouvelle présidente-directrice…
Conseil d'arrondissement du 5 juin 2023

Cinq choses à retenir du conseil d’arrondissement du 5 juin

Le conseil d’arrondissement du 5 juin s’est tenu au centre des loisirs…

Le Centre intégré de traumatologie de l’Hôpital Sacré-Cœur: déjà un an

Jeudi 15 juin, l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal célébrait la première année…

Un jardin de la mémoire pour trouver la paix au CHSLD Laurendeau

Ce mardi 16 mai, le CHSLD Laurendeau inaugurait son jardin de la…