On peut voir cinq voitures garées en double file sur le boulevard St-Laurent qui laissent descendre des écoliers de l’école Ahuntsic à l’heure d’arrivée du matin du 7 mars 2022. (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

La sécurité aux abords des écoles préoccupe, avec raison, les parents. Même si les autorités scolaires et policières font de la sensibilisation auprès des parents et des conducteurs, il y a encore des progrès à faire! Tour d’horizon avec parents inquiets et commandants des postes de quartier du territoire.

« Proche de l’école Saint-André Apôtre, la circulation sur Esplanade entre Henri-Bourrassa et Gouin, est trop rapide. J’ai fait trois ou quatre appels au 311 en trois ans. J’ai écrit une plainte au Poste de Quartier 27. La police m’a répondu et m’a appelée. Mais le résultat est le même… la rue est une véritable piste de course !  », remarque Marie-Claude Boivin, résidante sur la rue Esplanade depuis 2018.

Vitesse !  Tu pourrais blesser mon enfant

Aujourd’hui, mère d’un enfant de trois ans et d’un petit de 18 mois, elle se dit plus sensible à la vitesse des autos. Tous les jours, même à la sortie des classes, vers 15 h 30, les voitures dépasseraient les 30 km/h. 

Elle n’a pas encore vu d’agent de police sur Esplanade. Mais, comme elle le dit au journaldesvoisins.com, un sourire dans la voix, elle n’est pas à la fenêtre à observer la rue toute la journée. 

« Les autos et motos roulent des deux côtés. Si je lève le bras pour leur faire signe de ralentir, certains me montrent la main… Si mon enfant, malgré ma surveillance traversait la rue, pour un ballon par exemple, il serait en danger. Les autos à cette vitesse-là, ça fait peur », s’inquiète Mme Boivin.

D’après le site de la Société de l’assurance Automobile du Québec (SAAQ), à 50 km/h, il faut plus de 30 mètres pour s’arrêter. Cependant, les zones scolaires d’Ahuntsic-Cartierville sont protégées par des règlements et des lois. La limite de vitesse est de 30 km/h.

Vitesse ! Sous le coup de sanctions et de prévention

D’après Alexandre Lelièvre, commandant du poste de quartier 27 (PDQ 27) du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) le signalement de Mme Boivin est pris en compte et est en cours d’analyse pour de futures interventions. Il rappelle que le code de la route sanctionne un excès de vitesse. Pour rouler à 50 km/h en zone scolaire, le contrevenant devra payer 110 $ et aura un point d’inaptitude pour une première infraction. 

« Tous les matins d’école, trois agents en sécurité routière patrouillent autour des écoles. Ils verbalisent en cas d’infraction et expliquent pourquoi si nécessaire. Nos trois agents sociocommunautaires interviennent avec les écoles sur la prévention. Nos brigadiers, affectés à des traverses incitent aussi les automobilistes à ralentir », précise M. Lelièvre au JDV.

Et les traverses sous surveillance, mais pas toutes

Brigadier au coin du boulevard St-Laurent et de la rue Prieur qui fait traverser les écoliers de l’école Ahuntsic à l’heure d’arrivée du matin du 7 mars 2022. (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Le PDQ 27 compte, pour 35 traverses scolaires, 31 brigadiers permanents, dont trois sont en absence prolongée. Il y a six brigadiers surnuméraires dont trois sont aussi en absence prolongée. 

Pour fonctionner confortablement, M. Lelièvre considère qu’il faudrait six brigadiers surnuméraires supplémentaires. Quant au PDQ 10, deux nouveaux brigadiers seraient nécessaires. Actuellement, l’équipe du PDQ 10 compte 13 brigadiers permanents et un surnuméraire pour treize traverses scolaires.

Certaines traverses sont prioritaires. Cependant, M. Lelièvre décide aussi d’affecter des brigadiers à des traverses non prioritaires, s’il le juge nécessaire et s’il a assez de brigadiers.

D’après le document Commission sécurité publique, les brigadiers scolaires, février 2019, une traverse est qualifiée de prioritaire lorsqu’elle est « fréquentée par 15 enfants et plus [avec] un indice de risque supérieur à 9 ». 

Des indices, des calculs et des priorités

Cet indice est calculé grâce au débit de circulation, au nombre d’écoliers résidant dans le secteur et qui croisent l’intersection, à la vitesse de circulation constatée, à la largeur moyenne de la rue et à la distance à laquelle un conducteur peut apercevoir l’intersection. Mais que se passe-t-il en cas d’absence d’un brigadier ? 

« Un brigadier surnuméraire est alors affecté à la traverse orpheline. Mais s’il n’y a pas de brigadier surnuméraire disponible, c’est un brigadier affecté à une traverse non prioritaire qui sera choisie. Et s’il n’y a aucun brigadier disponible, c’est un agent du PDQ qui assurera la traversée des écoliers », déclare M. Lelièvre.

Et comme l’indique le document de la commission sécurité publique, pour les traverses non prioritaires, « le personnel policier patrouillant le secteur accordera une attention spéciale à la traverse. » Quoi qu’il en soit, pour les deux commandants, le maître mot est la sécurité des enfants et étudiants aux abords des écoles. Néanmoins, selon eux, il ne faut pas confondre sécurité et cohabitation. 

Cohabitation versus sécurité

La cohabitation, c’est la gestion de l’espace et du temps entre les riverains, les passants (piétons et écoliers à pied), les automobilistes, les cyclistes, les autobus scolaires, les parents, les enfants, les étudiants, les enseignants, etc. 

« Et la sécurité en zone scolaire, c’est d’abord éviter les accidents, par le respect de code de la route, accompagné de l’affichage clair de la signalisation et des traverses de piéton bien définies », précise M. Lelièvre.

La sécurité en collaboration 

Mais ce n’est pas tout, il faut aussi compter sur la collaboration de la communauté. Les écoles relaient les consignes de sécurité, l’éducation et la prévention en travaillant avec les deux agents sociocommunautaires du PDQ 10 et les trois agents du PDQ 27, à l’occasion d’ateliers, par exemple. 

Les commandants informent aussi les directions des écoles des présences policières planifiées. Les commandants Lelièvre et Jean-Michel Brunet (PDQ 10) attendent, quant à eux, les changements apportés aux calendriers scolaires en cours d’année. Ils évitent ainsi de déployer des brigadiers pour les congés exceptionnels ou les journées pédagogiques déplacées.

Les témoins d’incivilités et d’infractions sont également invités à communiquer avec les PDQ, soit par téléphone, soit par courriel. Les commandants pourront ainsi constater les faits et agir en conséquence.

En outre, en septembre de chaque année, les deux PDQ «envahissent» les zones scolaires.  

« Nos 50 agents doivent patrouiller aux abords des écoles. Ils sont même libérés de la réponse aux appels, sauf urgence », explique le commandant Brunet.

Pour les deux PDQ, les données collectées sur le terrain permettent de planifier des actions et des interventions. Selon le commandant Brunet, durant l’année, tous les deux mois environ, les trois agents de sécurité routière du PDQ 10 sont présents aux diverses traverses scolaires. S’ensuit l’ajustement des actions planifiées et interventions en cas de besoin. 

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’accidents graves dans nos zones scolaires, qu’il faut attendre qu’il y en ait. La prévention n’est pas visible, mais indispensable », précise M. Brunet.

De plus, avec le Plan local de déplacements (PLD), l’arrondissement réalise des travaux pour améliorer la sécurité.

La sécurité et l’aménagement des zones scolaires

Le PLD s’appuie sur différents outils dont le Plan de gestion des déplacements (PGD) et les Plans de déplacements scolaires (PDS) élaborés en collaboration avec Vélo Québec. Selon Jean-François Desgroseilliers, directeur de cabinet du bureau de la mairesse, une vingtaine d’écoles ont déjà bénéficié d’actions pour améliorer la sécurité des zones scolaires. Il en cite quelques-unes.

Des saillies, dos d’ânes et refuges piétons sécurisent les alentours des écoles François-de-Laval (2020), Augustin-Roscelli (2020), Louisbourg (2020), La Visitation (2021), Saint-Simon-Apôtre (2021), John-Caboto (2021) et Saint-André-Apôtre (2021-22).

Les pistes cyclables Prieur et Sauriol passent à proximité de cinq écoles primaires et deux écoles secondaires. Le Réseau Express Vélo (REV), la piste cyclable sur Saint-Firmin et le prolongement des pistes Georges-Baril et Gouin Est permettent aux élèves de se rendre aux écoles Sophie-Barat, Fernand-Seguin et La Visitation. 

Et des afficheurs de vitesse dynamiques sont en cours d’installation, près des écoles François-de-Laval, Ahuntsic, Augustin-Roscelli, Christ-Roi et Louis-Colin.

Une fin qui n’en n’est pas une

« [Et] Nous avons aussi des petits défis comme l’amélioration de la signalisation et des lumières, ou encore les nouveaux camions avec un angle mort plus important. La sécurité, ce n’est jamais fini », conclut le commandant Brunet.

 

Afficheur de vitesse non fonctionnel depuis plusieurs années devant l’école Ahuntsic (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

 



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Michel R. Magnan
Michel R. Magnan
2 Années

De mon expérience professionnelle à intervenir dans des problématiques de sécurité des enfants aux abords des écoles, les parents étaient dans les 2/3 des cas les plus fautifs et ceux qui se souciaient le moins de la sécurité des enfants, du moins celui ou celle qui n’était pas le leur bien sûr !

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