(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, a accordé au journaldesvoisins.com une longue entrevue pour parler du bilan de mi-mandat de la formation politique Projet Montréal qui dirige l’administration municipale de Montréal depuis novembre 2017 (tant à l’hôtel de ville qu’au conseil d’arrondissement du nord de la ville).

Outre ce bilan (voir texte précédent), nous lui avons posé des questions sur divers dossiers qui retiennent l’attention dans l’arrondissement.

Site Louvain Est (nord du Domaine St-Sulpice)

L’équipe qui a succédé au parti dirigé par l’ex-maire Denis Coderre (qui n’aura fait qu’un seul mandat finalement) a entre autres mis l’accent sur le développement durable et la mobilité.

Aussi, on a vu que la nouvelle administration a insisté sur l’importance de consulter et d’amener les gens à faire partie du processus décisionnel.

La Ville de Montréal est propriétaire de deux immenses terrains dans Ahuntsic. Des emplacements très bien localisés, sur une même rue : Louvain est et Louvain ouest, avec certains points de ressemblance.

Louvain Est, situé entre les rues St-Hubert et Christophe-Colomb, autrefois la fourrière municipale. On y trouve aussi des bâtiments de la Ville. On parle depuis des années de construire environ 800 unités d’habitation. On misera notamment sur de grands logis, des loyers abordables. Plusieurs intervenants du milieu, sans oublier des gens qui ont hâte de prendre possession d’un appartement, souhaitent que cela bouge plus vite.

L’administration montréalaise consulte beaucoup. Mais qui dit consultation, dit aussi processus plus long, tient toujours à rappeler Émilie Thuillier.

De vieux bâtiments reposent toujours sur le site, certains solides et fonctionnels. Mais le terrain doit aussi être décontaminé.

Et il y a aussi plusieurs intervenants pour planifier autant  d’habitations dans cette partie nord du Domaine St-Sulpice. Ce dernier endroit s’y connait quand on aborde le modèle de développement immobilier, avec ses coops ou OSBL d’habitation. Mais on a hâte à la première pelletée de terre…

« Planifier ensemble, c’est plus long, avertit la mairesse de l’arrondissement qui suit ce dossier depuis longtemps. Même chose pour le développement durable et la transition. On ne démolira pas tant qu’on ne saura pas ce que l’on va faire. Des bâtiments vont rester là. Il faut déterminer quels endroits que l’on doit creuser en premier, etc. J’ai été ravie de voir autant de monde au cégep Ahuntsic quand on a présenté un plan d’ensemble, on en avait discuté et décidé en amont. Pour faire quoi que ce soit, il faut prévoir des changements de zonage. Mais avant de le faire,  faut savoir ce qu’on veut faire. Il n’y a pas de retard dans l’échéancier. Ça va plutôt bien. En 2020, on va décider ce qu’on va faire sur le site et prévoir les changements de zonage, pour voir par où commencer. Mais ce n’est pas la ville qui construira. Ce sont les porteurs de projets : ceux qui préconisent le logement social, les groupes communautaires d’habitation, les coops, la Commission scolaire de Montréal (CSDM), les commerçants, la Ville pour la place publique, etc. Il n’y a pas de retard dans ce projet.»

Au sujet de l’inquiétude que peut susciter un tel mégaprojet, Mme Thuillier s’est fait rassurante auprès de certains résidants.

« Ils ont été invités à participer aux réunions par le biais du comité de bon voisinage mis en place. La prochaine séance  portera sur la définition du logis social et communautaire. On sait qu’il n’y a plus de constructions d’HLM depuis 1994 (complètement subventionnés). On mise davantage sur les coopératives entre autres ou OSBL. La moitié des locataires sont subventionnées (ils payent 25% de leurs revenus) et l’autre [moitié] payent selon le prix médian du marché. On a ainsi une mixité sociale qu’on n’avait pas avant.  Comme c’est le cas avec des projets comme Rêve à nous (près du métro sauvé), ou Place Meilleur, a-t-elle rappelé. Il y a de nouvelles façons de construire et l’objectif est la mixité sociale.»

Site Louvain Ouest (50-150)

Pour Louvain Ouest, la démarche suit son cours. Après avoir rasé ce qu’il y avait, le lieu, le 50-150 Louvain, est devenu temporairement un stationnement pour les employés de la Société de transport de Montréal (STM). Émilie Thuillier signale que l’on réfléchit aussi sur l’avenir de ce vaste terrain également propriété de la ville.

« Notre première action est de prévoir un développement TOD (Transit-oriented development, axé sur l’aménagement de zones résidentielles ou commerciales visant à favoriser l’utilisation des transports en commun) avec les gares Chabanel et Ahuntsic tout près (et aussi la station de métro Sauvé).  Nous avons reçu 100 000$ de la Communauté métropolitaine  de Montréal (CMM) pour faire une réflexion plus générale, favorisant la mixité, sur le  50-150 Louvain ouest et l’ensemble du secteur Chabanel.»

Mais ici aussi, on veut prendre le temps de bien faire les choses car n’oublions pas que c’est pour longtemps.

« La Société de développement commercial (SDC) [District-Central] ici a travaillé avec des citoyens et entrepreneurs. Son comité d’aménagement a présenté un mémoire qui fait référence à un développement novateur. Cela dit, ce développement, qui se fera dans prochaines années sera novateur, est plus long car on le fait ensemble : quels sont les besoins auxquels on doit répondre, quels seront les acteurs, qui fait quoi…. ».

Il faut souligner, comme l’a reconfirmé Mme Thuillier, que le pouvoir politique a stoppé ce qui était envisagé d’abord,  l’érection d’une cour de voirie à ciel ouvert sur l’entièreté du terrain.

« Une fois qu’on a dit ce que l’on ne veut pas, il faut décider ce que l’on veut. C’est plus long, il y a beaucoup de besoins,  c’est presque la même taille que le site Louvain Est. C’est ce que l’on fera en 2020,  décider de la gouvernance  », a promis la première responsable politique dans l’arrondissement.

Marché public

Une décision sera prise dans les prochaines semaines au sujet d’un éventuel marché public temporaire.

« Il n’est pas question de viser une permanence, car il faudrait construire, a dit Mme Thuillier. On travaille à un marché temporaire pour 2020. Nous sommes à faire le bilan du marché public temporaire qui s’est déroulé récemment au pavillon d’accueil du Parcours Gouin. On a effectué des sondages avec les gens, les  partenaires, les commerçants. Alors, on va arriver avec une proposition pour un marché temporaire ».

Commerces de proximité

La mairesse de l’arrondissement se félicite de voir nos rues commerciales actives avec peu ou pas de locaux vacants. Certes des projets résidentiels ont poussé sur la rue Lajeunesse (et ont enlevé du commercial), mais Mme Thuillier note que «ça va bien là où l’on trouve une Société de développement commercial (SDC) ».

Toutefois, elle reconnait que la situation est plus difficile sur le boulevard Henri-Bourassa.

« C’est une artère qui se cherche »,  a-t-elle admis, et il faut donc, selon elle, travailler sur le moyen et long terme.

Pollution sonore : Observatoire du bruit

En campagne électorale fédérale, la députée Mélanie Joly, réélue, en a parlé mais en passant le ballon au municipal, lorsqu’elle était interrogée par les médias au sujet de la création d’un Observatoire sur le bruit des aéronefs. C’est pourtant une juridiction fédérale. Le groupe de pression Les Pollués de Montréal-Trudeau se bat pour faire réduire les nuisances sonores.

Mais on sent qu’il y a de plus en plus d’avions qui passent au-dessus de nos têtes, souvent la nuit, dans Ahuntsic et Cartierville. Et les plaintes augmentent.

« On avance mais les autres ne sont pas forcément au rendez-vous, a déploré Émilie Thuillier. Le bruit relève du provincial, l’avion est de compétence fédérale. Je travaille autant ici qu’au niveau de la Ville de Montréal là-dessus. A quoi ça va rassembler? On travaille avec beaucoup de partenaires, on prend le leadership même s’il ne nous appartient pas. Il faut cibler les bons acteurs. Pour un Observatoire, à Paris, par exemple, c’est une entité distincte de la ville ».

Mme Thuillier qui suit de très près et depuis longtemps ce dossier juge d’un bon œil les initiatives en place. Ainsi, des capteurs sonores installés récemment et liés à un ordinateur doté d’un puissant logiciel permettent de dire si c’est le bruit d’un avion que l’on entend et d’obtenir les données en décibels.

Montréal- dB a été créé par un résidant de Cartierville  qui exploite aussi l’application AÉROplainte.

L’organisme a obtenu des élus une subvention de 5000$ pour  la mise sur pied d’un projet-pilote visant à installer ce réseau de capteurs sonores chez des participants volontaires de notre arrondissement.

AÉROplainte accueille aussi les doléances des citoyens et expédient leurs plaintes directement au gestionnaire Aéroports de Montréal (ADM a aussi des capteurs tout comme les Pollués de Montréal-Trudeau).

« Avec l’application lancée cette année, on sait ce  qui passe dans les airs et à quelle heure, note Mme Thuillier. Montréal ne peut pas interdire les avions. Et la réglementation (fédérale et provinciale) est totalement inexistante par rapport aux bruits. Ce n’est pas écrit  qu’un avion doit faire  X décibels (…). Mais ADM devra être plus transparents dans l’avenir », a plaidé la mairesse de l’arrondissement.

Transport actif

Des intervenants du nord de la ville comme Ahuncycle considèrent que le transport actif ne s’est pas ‘’beaucoup amélioré’’, tout en voyant d’un bon œil la baisse des limites de vitesse, sur notre territoire.

Mais Émilie Thuillier, elle-même une adepte des déplacements en vélo, estime au contraire que tout avance bien.

« L’hiver, on essaie toujours de mieux déneiger les pistes cyclables. On doit certainement réussir, car des gens disent qu’elles sont trop bien déneigées. On a ajouté 140 espaces de stationnement pour les vélos.  On a aussi procédé à des actions concrètes. L’on planifie sur les ajouts de pistes sur les rues Sauriol et Prieur. Il y aura en tout 7,5  km  de pistes cyclables séparés de la circulation sur les deux rues.»

Au sujet de la mythique avenue Christophe-Colomb, un travail sera fait plus tard.

« On a récemment repavé et non refait la rue. Il faut tenir compte des balises avec la Ville de Montréal. Si l’on fait les aqueducs et égouts, on en enlève tout et on en profite pour revoir la géométrie de la rue. Sur Christophe-Colomb, quand on refera les infrastructures, on regardera la possibilité de mettre une piste de chaque côté de la rue ».

Parallèlement, les  pistes du Vélo express prendront beaucoup d’espace sur les rues Berri et Lajeunesse, comme l’a promis Projet Montréal lors de la campagne électorale de 2017.

Plan local de déplacements

Le Plan local de déplacements (PLD) sera annoncé d’ici la fin de l’année Parlerons-nous encore plus de transport actif?

Le PLD, outil de planification, porte sur tous les modes de transport urbain : automobile, marche, vélo, transport collectif, etc. Ce plan poursuit plusieurs objectifs dont améliorer la mobilité et  la qualité de vie des résidants ainsi qu’à faciliter et sécuriser

Concernant le transport public, on souhaite toujours plus de services ou même des ajouts de trajet comme sur Fleury, pour relier la Promenade et la partie à l’ouest de St-Laurent.

« Le principal problème avec la Société de transport de Montréal, c’est qu’il n’y a pas d’autobus de disponible. La première chose que notre mairesse a faite a été de commander 300 autobus. Les premiers arriveront au début de 2020. On soumet des revendications à la STM. Mais n’oublions pas que le gouvernement du Québec a aussi plaidé pour qu’on facilite les dessertes pour les prochaines stations du Réseau électrique métropolitain (REM). La STM réorganise son réseau, et il y aura des mesures de mitigation en janvier pour des travaux majeurs à faire (sous le tunnel du Mont Royal). Ça va beaucoup bouger », a conclu la mairesse.

Baisses des limites de vitesse pour automobilistes

L’administration poursuit sur sa lancée avec la baisse des limites de vitesse à 30 km/h sur des rues résidentielles.

Mais la mise en place de cette limite s’effectue d’abord sur les rues où les gens plaident «que ça roule trop vite». On propose aussi des mesures d’apaisement.

« L’objectif principal du Plan local de déplacements est de viser les rues qui mènent aux écoles, en mettant sur les artères des affiches ou panneaux pour faire respecter la limite et d’autres choses pour faire ralentir les gens ».

Le but est de poursuivre l’opération rue par rue. Bien que plusieurs automobilistes dépassent la limite, on signale qu’au moins, on ne roule plus comme avant à 40, 50 ou 60km/h sur ces rues.

 

Centre communautaire Bordeaux-Cartierville

Dans la partie ouest de l’arrondissement, on attend avec impatience le nouveau Centre communautaire Bordeaux-Cartierville, annoncé en 2016 sous le mandat de l’ex-administration.

L’immeuble immense a été longtemps détenu par les Sœurs de la Providence.

L’ancien bâtiment qui servait aussi en partie de résidences aux membres de la congrégation aura une nouvelle vocation en abritant les groupes communautaires qui sont présentement sur Henri-Bourassa ouest, en face du Cégep Bois-de-Boulogne, mais aussi aussi une bibliothèque et des espaces pour la culture.

L’installation officielle devrait se faire en janvier 2022.

« On travaille beaucoup avec tous les organismes. Ce qu’on fait, ce sont des rénovations. Le bâtiment a déjà l’air neuf, en bon état, mais en vertu du Code du bâtiment, quand on change l’usage du bâtiment, il faut s’ajuster aux nouvelles normes. Parfois, c’est gros. On injectera  plusieurs millions $  en 2020 et 2021 pour effectuer les travaux nécessaires », a-t-elle conclu.

 

 

 



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